✨ Comprendre le harcèlement : quand la jungle s'installe dans votre classe
Avant de prévenir, il faut comprendre. Le harcèlement scolaire, ce n'est pas une simple "dispute entre enfants". C'est une violence, verbale, physique ou psychologique, répétée exercée par un ou plusieurs élèves sur une victime qui ne peut se défendre.
Imaginez un lionceau isolé du groupe, régulièrement attaqué par les autres, jour après jour. Les bousculades, les moqueries, les surnoms blessants, les messages humiliants... Ces actes, pris isolément, peuvent sembler anodins. Mais répétés, ils créent un climat de terreur pour l’élève qui les subit.
Et aujourd'hui, la jungle ne s'arrête plus aux grilles de l'école. Avec le cyberharcèlement, elle suit vos élèves sur leurs téléphones, leurs réseaux sociaux, leurs messageries. Les violences continuent 24h/24, jusque dans leur chambre. C'est pourquoi votre vigilance doit s'étendre au-delà des murs de votre classe.
Les élèves traversent parfois des moments qui les déstabilisent. Pour apaiser les échanges en classe et encourager la coopération, la communication non violente (CNV) offre une approche précieuse. Son objectif : sortir des rapports de force, des jugements et des reproches pour construire un dialogue authentique et respectueux.
5 clés pour comprendre la CNV
👉 Elle propose une façon d’exprimer et d’accueillir la parole fondée sur la bienveillance, la clarté et la qualité du lien entre les personnes.
👉 Son processus s’articule autour de 4 étapes simples :
- Observer les faits, sans interprétation ni jugement,
- Ressentir ce qui se passe en soi : émotions, sentiments,
- Identifier le besoin derrière ces émotions,
- Exprimer une demande claire, concrète et réalisable.
Mettre la CNV au cœur de la vie de classe, c’est offrir aux élèves un cadre où chacun se sent écouté, reconnu et respecté. Petit à petit, les tensions se transforment en occasions d’apprentissage relationnel. La classe devient un espace de sécurité où les mots remplacent les conflits et où la bienveillance soutient les apprentissages autant que la réussite collective.
✨ Le dispositif Phare : votre boussole dans la jungle
Depuis 2023, toutes les écoles, collèges et lycées mettent en œuvre le programme Phare (Programme de lutte contre le Harcèlement à l'École). Pensez-y comme à votre kit de survie en milieu hostile.
Ce dispositif repose sur 5 piliers fondamentaux :
- Éduquer pour prévenir les phénomènes de harcèlement,
- Former une communauté protectrice autour des élèves,
- Intervenir efficacement sur les situations de harcèlement,
- Associer les parents et les partenaires,
- Mobiliser les instances démocratiques de l'établissement.
Concrètement, qu'est-ce que cela signifie pour vous ? Vous faites partie d'un réseau. Dans votre circonscription, une équipe ressource de 5 personnes formées est là pour vous épauler. Vous n'êtes plus seul face à une situation qui vous dépasse.
✨ Les actions au quotidien : cultiver un climat de classe protecteur
La prévention du harcèlement, ce n'est pas une action ponctuelle. C'est une posture, un état d'esprit que vous installez jour après jour dans votre classe. Voici vos leviers concrets :
Les 10 heures qui changent tout
Depuis la mise en place du programme Phare, 10 heures par an sont dédiées à la prévention du harcèlement et au développement des compétences psychosociales, dès le CP.
Les compétences psychosociales, ce sont ces aptitudes qui permettent à vos élèves de mieux communiquer, gérer leurs émotions, faire preuve d'empathie, résoudre des conflits. En d'autres termes, c'est ce qui transforme une jungle hostile en communauté solidaire.
Dans le premier degré, les “cours d'empathie” sont un outil formidable. Vous apprenez à vos élèves à reconnaître les émotions, à se mettre à la place de l'autre, à comprendre qu'un camarade triste a besoin d'aide. Vous semez les graines d'une culture du respect.
Bonne nouvelle : ces apprentissages ne sont pas "en plus" de votre programme. Ils s'intègrent naturellement dans vos disciplines. Quand vous travaillez sur un texte en français, vous explorez les émotions des personnages. En EMC, vous abordez le vivre-ensemble. En EPS, vous valorisez la coopération.
Créer une culture du respect
- Établissez des règles de vie de classe claires, co-construites avec vos élèves,
- Valorisez systématiquement l'entraide et la solidarité,
- Sanctionnez immédiatement les moqueries, même si elles vous semblent légères,
- Utilisez la Convention des droits de l'enfant comme support de discussion.
Travailler sur les émotions
- Proposez régulièrement des cercles de parole,
- Utilisez la littérature jeunesse pour explorer les émotions et les situations difficiles,
- Apprenez à vos élèves à nommer ce qu'ils ressentent,
- Faites des jeux de rôle pour développer l'empathie.
Organiser l'espace pour prévenir l'isolement
- Variez les modalités de travail (individuel, binômes, groupes),
- Changez régulièrement les places pour éviter les clans,
- Soyez présent et visible pendant les récréations,
- Identifiez les "zones à risque" (toilettes, coins isolés de la cour).
Communiquer avec les familles
- Informez les parents dès la rentrée sur votre politique de prévention,
- Organisez des ateliers de sensibilisation pour les familles,
- Orientez-les vers des ressources (plateforme Cned "Non au harcèlement - des clés pour les familles", site Faminum, Internet Sans Crainte),
- Distribuez le dépliant "Le harcèlement, il faut en parler pour en sortir".
Et aussi avec la méthode Reveleo pour vous aider à faire respecter les différences entre élèves ⬇️
✨ Créer une communauté protectrice : vous n'êtes pas seul dans la jungle
Rappelez-vous : dans la nature, les animaux se protègent souvent en groupe. C'est exactement le principe de la communauté protectrice que vous devez créer autour de vos élèves.
Votre équipe ressource
Dans votre circonscription, 5 personnels sont spécialement formés pour traiter les situations de harcèlement. Ils suivent une formation de 8 jours sur deux ans. N'hésitez pas à les solliciter – ils sont là pour ça.
Les adultes de confiance
Chaque élève doit savoir qu'il y a dans l'école un adulte vers qui se tourner. Peut-être est-ce vous, peut-être est-ce un collègue, le directeur, l'ATSEM. L'essentiel ? Que ce soit clair pour tous et rappelé régulièrement.
Affichez dans votre classe les canaux de signalement :
- Les adultes de l'école disponibles,
- Le numéro 3018 (gratuit, anonyme, confidentiel, disponible 7j/7 de 9h à 23h),
- La ligne académique dédiée.
Les élèves ambassadeurs au collège et au lycée
Au second degré, vos élèves peuvent devenir ambassadeurs "Non au harcèlement". Formés et outillés, ils sensibilisent leurs camarades et peuvent même intervenir dans les écoles du secteur. Valoriser ainsi le rôle de vos élèves, c'est leur donner de vraies responsabilités et créer un effet d'entraînement positif.
✨ Les signaux d'alerte : repérer quand la jungle devient hostile
Vous connaissez vos élèves. Vous les voyez tous les jours. Vous êtes donc le mieux placé pour repérer les changements de comportement qui peuvent signaler un problème. Soyez attentif à :
- L'isolement progressif d'un élève,
- La chute des résultats scolaires,
- Les absences répétées ou le refus d'aller à l'école,
- Les signes physiques (vêtements abîmés, bleus, matériel détérioré),
- Les changements d'humeur (tristesse, anxiété, agressivité),
- Le repli sur soi pendant les récréations.
✨ Quand la situation se déclare : le protocole pas à pas
Imaginons : un élève vient vous voir, ou vous repérez vous-même des signaux inquiétants. Que faire ?
Étape 1 : accueillir la parole sans la minimiser
C'est capital : ne dites jamais "ce sont des querelles d'enfants" ou "ça va passer". Le harcèlement n'est pas anodin. Même si la situation vous semble légère, elle peut être dévastatrice pour l'enfant qui la vit.
Votre mission :
- Écouter avec bienveillance,
- Rassurer l'élève : "Ce qui t'arrive n'est pas de ta faute",
- Lui faire comprendre qu'il a bien fait de parler,
- Noter par écrit ce qu'il vous dit (dates, faits, personnes impliquées).
Utilisez le questionnaire national comme trame d'entretien. Il vous guide pour recueillir tous les éléments nécessaires.
Étape 2 : protéger immédiatement
Même avant d'avoir analysé la situation en profondeur, mettez en place des mesures de protection :
- Désignez un adulte référent pour l'élève,
- Renforcez la vigilance (informez vos collègues sans stigmatiser la victime),
- Mobilisez des camarades de confiance autour de l'élève,
- En cas de cyberharcèlement, orientez vers le 3018.
Étape 3 : informer et impliquer les parents
Les parents de l'élève victime doivent être prévenus rapidement. Soutenez-les, assurez-les de votre engagement à protéger leur enfant, et rappelez-leur qu'ils ne doivent surtout pas intervenir directement auprès de l'auteur ou de sa famille. Cela aggraverait la situation.
Étape 4 : signaler et mobiliser
En tant qu'enseignant, vous devez informer votre directeur d'école, qui va :
- Contacter l'IEN (inspecteur de l'éducation nationale) de circonscription
- Signaler la situation dans l'application "Faits établissement" (niveau 2)
- Mobiliser l'équipe ressource de circonscription
- Informer le procureur de la République, en cas de harcèlement grave.
Étape 5 : enquêter et traiter
L'équipe ressource vous accompagne pour :
- Rencontrer les témoins (séparément),
- Recevoir le(s) auteur(s) (séparément),
- Échanger avec les familles des élèves impliqués.
Tout au long du processus, vous notez les faits : qui a dit quoi, quand, quelles actions ont été mises en place. Cette traçabilité est essentielle.
Étape 6 : suivre dans la durée
Une fois la crise gérée, le suivi continue. L'élève victime peut rester fragilisé pendant des mois, voire des années. Gardez un œil bienveillant, informez-vous régulièrement de son état, et n'hésitez pas à suggérer un accompagnement extérieur si nécessaire.
✨ Les ressources à votre disposition : votre trousse de secours
Vous n'avez pas à tout inventer. De nombreux outils existent pour vous accompagner :
La plateforme Phare
Accessible depuis votre espace professionnel académique (Arena), elle regroupe :
- Tous les contenus éducatifs du CP à la 3e
- Les outils de suivi pour les directeurs et IEN
- Le protocole national actualisé
- Des ressources pour les élèves ambassadeurs et les parents.
Les formations
- Le parcours m@gistère "Prévenir et lutter contre le harcèlement à l'École" pour tous les personnels
- La formation de 8 jours pour les équipes ressources
- Les modules Pix pour vos élèves (dès la 6e).
Les partenaires
- Le 3018 : équipe de psychologues, juristes et spécialistes du numérique (accessible par téléphone, application, tchat, Messenger, WhatsApp)
- Les lignes académiques dédiées (consultez la carte sur education.gouv.fr)
- Les référents police/gendarmerie de votre secteur,
- L'association e-Enfance.
Les supports pédagogiques
- Les clips de sensibilisation avec leurs livrets pédagogiques,
- Les ressources du CLEMI sur l'éducation aux médias,
- Les outils d'Internet Sans Crainte,
- Les programmes d'empathie disponibles sur Éduscol.
✨ Les trois temps forts de l'année pour rythmer votre action
Le dispositif Phare prévoit trois moments clés qui structurent l'année scolaire. Profitez-en pour mobiliser l'ensemble de votre communauté éducative :
- La Journée nationale Non au harcèlement (6 novembre 2025) : le premier jeudi après les vacances de la Toussaint, c'est LE moment pour libérer la parole. Diffusez le clip national, proposez le questionnaire d'auto-évaluation (dès le CE2), organisez des ateliers. "Ton problème, c'est mon problème" : rappelez que personne n'est seul.
- Le Prix Non au harcèlement (1er trimestre) : vos élèves créent collectivement une affiche ou une vidéo de sensibilisation. Ce projet développe leur empathie et crée de la cohésion de groupe dès septembre, pile quand les dynamiques de classe se mettent en place.
- Le Safer Internet Day (10 février 2026) : l'occasion de sensibiliser aux usages responsables du numérique et d'aborder le cyberharcèlement (traces numériques, sphère privée/publique, contenus inappropriés).
✨ L'enquête annuelle : prendre le pouls de votre écosystème
Chaque année en novembre, tous vos élèves à partir du CE2 remplissent une grille d'auto-évaluation non nominative. Cette enquête n'est pas une formalité administrative : c'est un outil précieux pour identifier les élèves en souffrance qui n'osent pas parler.
Certains enfants ne viendront jamais spontanément vous voir. Le questionnaire leur donne une porte de sortie, une façon d'alerter sans avoir à affronter directement l'adulte.
Prenez le temps d'expliquer à vos élèves l'importance de répondre honnêtement, de rassurer sur la confidentialité, et d'analyser ensuite les résultats avec votre équipe.
✨ Quand l'enseignant devient témoin : oser briser la loi du silence
Parfois, ce n'est pas un élève qui vous alerte, c'est vous qui observez. Vous remarquez qu'un enfant est systématiquement mis à l'écart pendant les récréations. Vous entendez des moqueries récurrentes. Vous voyez des regards qui tuent.
N'attendez pas. Ne vous dites pas "ce n'est peut-être rien" ou "ils vont régler ça entre eux". Dans la jungle, le silence des témoins permet au plus fort de régner.
Votre devoir professionnel (et moral) est de signaler. Même si vous n'êtes pas certain qu'il s'agisse de harcèlement au sens juridique, même si la situation vous semble floue. Parlez-en à votre directeur, à l'équipe ressource. Il vaut mieux une fausse alerte qu'un enfant abandonné à ses bourreaux.
✨ Le cyberharcèlement : dompter la jungle numérique
Le cyberharcèlement mérite une attention particulière car il présente des spécificités :
- Il ne s'arrête jamais (24h/24),
- Il touche l'enfant jusque dans son intimité,
- Il peut impliquer un très grand nombre de personnes,
- Les contenus peuvent devenir viraux et impossibles à effacer.
Les signes spécifiques du cyberharcèlement
- L'élève cache son écran quand vous approchez,
- Il reçoit des messages qui le perturbent visiblement,
- Il refuse d'utiliser son téléphone/ordinateur devant les autres,
- Il montre de l'anxiété liée aux notifications.
Votre rôle dans la prévention
Même si le cyberharcèlement se passe hors de l'école, vous pouvez agir :
- Sensibilisez vos élèves aux traces numériques et à l'identité en ligne,
- Apprenez-leur la différence entre sphère privée et publique,
- Expliquez que "ce qui se passe sur internet, ça compte vraiment",
- Rappelez que les insultes en ligne sont punissables par la loi.
Orienter vers le 3018
Face à une situation de cyberharcèlement, le 3018 est votre allié principal. Cette plateforme peut :
- Écouter et conseiller l'élève et sa famille
- Intervenir auprès des plateformes pour faire supprimer les contenus
- Transmettre le signalement à l'Éducation nationale via l'application sécurisée
- Accompagner juridiquement si nécessaire.
Ayez toujours le réflexe de mentionner le 3018 dès qu'internet est impliqué.
✨ Les mesures pour les auteurs : éduquer, pas seulement punir
Quand on parle de harcèlement, on pense d'abord à la victime. C'est normal et nécessaire. Mais n'oublions pas les auteurs : ce sont aussi vos élèves, souvent eux-mêmes en souffrance.
Le protocole prévoit des mesures éducatives et, si nécessaire, des sanctions :
- Entretiens pour comprendre les motivations et développer l'empathie,
- Mesures de réparation vis-à-vis de la victime,
- Suivi éducatif renforcé,
- En cas d'échec des mesures éducatives : suspension à titre conservatoire (5 jours maximum),
- En dernier recours : changement d'école sans accord parental (dispositif introduit en août 2023).
L'objectif n'est pas d'exclure à tout prix, mais de faire comprendre la gravité des actes et d'accompagner l'élève vers un changement de comportement.
Si les parents de l'élève auteur ne se mobilisent pas malgré vos sollicitations répétées, une information préoccupante peut être transmise à la CRIP (cellule départementale de recueil, d'évaluation et de traitement des informations préoccupantes).
✨ Les erreurs à éviter : les pièges de la jungle
Même avec les meilleures intentions, on peut commettre des erreurs qui aggravent la situation. Voici les écueils à éviter absolument :
Minimiser ou banaliser
"Ce sont des chamailleries", "Il faut qu'il apprenne à se défendre", "À mon époque, on appelait ça de la taquinerie"... Ces phrases, même prononcées avec bienveillance, sont dévastatrices. Elles disent à l'enfant que sa souffrance n'est pas légitime.
Confronter victime et auteur
Organiser une "réconciliation" ou une médiation entre harcelé et harceleur est une très mauvaise idée. Il n'y a pas de conflit entre deux parties égales, il y a un rapport de domination. Forcer la victime à affronter son agresseur, c'est la re-victimiser.
Laisser la victime se débrouiller
"Tu devrais l'ignorer", "Ne reste pas tout seul", "Défends-toi"... Ces conseils, bien qu'animés de bonnes intentions, renvoient la responsabilité sur la victime. C'est à vous, adulte, de faire cesser le harcèlement, pas à l'enfant de trouver la solution.
Régler le problème entre familles
Si les parents de la victime contactent directement les parents de l'auteur, c'est l'escalade assurée. Votre rôle est de gérer la situation dans le cadre institutionnel, avec les protocoles et les ressources appropriés.
Stigmatiser la victime
"On va surveiller X de près"... Attention à ne pas transformer les mesures de protection en surveillance pesante qui isole encore plus l'élève victime. La vigilance doit être discrète.
Agir seul
Vous n'êtes ni policier, ni juge, ni psychologue. Vous êtes enseignant, et vous faites partie d'une équipe. Signalez, mobilisez l'équipe ressource, l'IEN, les référents académiques. Le protocole existe pour vous protéger aussi.
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✨ Le harcèlement, une affaire de tous : impliquer les témoins
Vous savez ce qui maintient la loi de la jungle ? Le silence des témoins. Dans la plupart des situations de harcèlement, il y a des spectateurs. Certains rient, d'autres se taisent, d'autres encore se sentent mal à l'aise mais ne font rien.
Transformez vos élèves témoins en alliés de la prévention :
Déconstruire les mythes
"Si je dis quelque chose, je suis une balance" → Non, tu es courageux et solidaire.
"Ce ne sont pas mes affaires" → Si, parce que demain, ça pourrait être toi.
"De toute façon, ça ne changera rien" → Si, ta parole compte et elle peut tout changer.
Valoriser le courage de témoigner
Racontez des histoires, vraies ou fictives, où un témoin a fait la différence. Organisez des débats : "Et toi, qu'est-ce que tu aurais fait ?". Créez une culture où rapporter une violence n'est pas de la délation, mais de l'entraide.
Le débat est un excellent outil pour libérer la parole et développer l'empathie de vos élèves. Voici comment le mettre en place efficacement :
Côté organisation
- Réorganisez l'espace : disposez les chaises en cercle ou en U pour que chacun puisse voir les autres
- Constituez des petits groupes de 12 à 15 élèves maximum pour favoriser la prise de parole
- Prévoyez 30 à 45 minutes dédiées
- Choisissez un thème précis : "Que faire quand on est témoin ?", "Pourquoi certains élèves n'osent pas parler ?", "La différence entre taquiner et harceler".
Les règles d'or à poser avec vos élèves
- On utilise un langage respectueux, toujours,
- On parle chacun son tour et on écoute vraiment celui qui s'exprime,
- Zéro moquerie, même sur une idée qu'on trouve étrange,
- Chacun a le droit de penser différemment : on ne juge pas la personne,
- On peut être en désaccord, mais on explique pourquoi avec des arguments,
- Ne pas partager l'avis de l'autre, c'est normal et même enrichissant.
L'objectif n'est pas que tout le monde soit d'accord à la fin, mais que chacun ait pu s'exprimer en sécurité et écouter d'autres points de vue. C'est exactement ce climat de confiance et d'ouverture que vous voulez installer dans votre classe au quotidien.
Bon débat !
Donner des outils concrets
"Si tu es témoin de harcèlement, voici ce que tu peux faire" :
- Aller voir un adulte de confiance
- Appeler le 3018
- Soutenir la victime en privé
- Refuser de participer, même passivement (ne pas liker, partager, rire).
Les témoins ont un pouvoir immense. Quand un groupe décide collectivement que le harcèlement n'est pas acceptable, le phénomène s'arrête. Vous pouvez créer cette dynamique dans votre classe.
✨ Prendre soin de soi : l'enseignant n'est pas invincible
Gérer des situations de harcèlement, c'est éprouvant. Vous pouvez vous sentir impuissant, coupable, dépassé. C'est normal. Ces situations touchent à l'intime, à la souffrance des enfants, parfois à vos propres souvenirs.
Quelques conseils pour préserver votre équilibre :
- Ne portez pas tout seul : parlez-en avec vos collègues, votre directeur, l'équipe ressource,
- Acceptez vos limites : vous n'êtes pas responsable de tout, vous faites de votre mieux,
- Documentez vos actions : la journalisation vous protège et trace votre engagement,
- Formez-vous : plus vous êtes outillé, moins vous vous sentirez démuni,
- Célébrez les victoires : quand une situation se résout, prenez le temps de mesurer le chemin parcouru
Et rappelez-vous : chaque action de prévention, même la plus petite, contribue à créer un climat de classe plus sûr. Vous ne verrez peut-être jamais tous les effets de votre engagement, mais il est réel et précieux.
✨ Prévention harcèlement : de la jungle à l'écosystème protecteur
Oui, le harcèlement scolaire existe. Oui, c'est un fléau grave aux conséquences parfois dramatiques. Mais non, vous n'êtes pas impuissant face à lui.
En tant qu'enseignant, vous avez le pouvoir extraordinaire de transformer la loi de la jungle en communauté solidaire. Vous pouvez créer cet écosystème où :
- Chaque élève se sent en sécurité pour apprendre et grandir,
- Les différences sont célébrées plutôt que moquées,
- L'empathie remplace la cruauté,
- Les témoins deviennent des protecteurs,
- La parole peut se libérer sans crainte.
Alors n'attendez pas qu'une situation explose pour agir. Semez dès maintenant les graines de la bienveillance, cultivez l'empathie jour après jour, créez cette culture de classe où chacun veille sur les autres.
Parce que "ton problème, c'est mon problème" n'est pas qu'un slogan. C'est la promesse que vous faites à vos élèves : dans cette classe, personne ne reste seul dans la jungle.
Et cette promesse, vous avez tous les moyens de la tenir.
- Plateforme Phare (via votre espace Arena)
- Formation m@gistère "Prévenir et lutter contre le harcèlement à l'École"
- Site www.education.gouv.fr/non-au-harcelement
- Numéro 3018 (gratuit, anonyme, 7j/7 de 9h à 23h)
- Dépliant "Le harcèlement, il faut en parler pour en sortir".
Une question ?
Notre équipe d'experts est là pour vous accompagner dans l'épanouissement de votre enfant.


